A l’occasion du 28 Octobre, une des 2 fêtes nationales de la Grèce (avec le 25 Mars), nous souhaitons partager avec vous une chanson émouvante et très connue en Grèce : Sinefiasmeni Kiriaki (Συννεφιασμένη Κυριακή), littéralement « Dimanche nuageux ». C’est également l’occasion de mieux connaitre son auteur, Vassilis Tsitsanis (Βασίλης Τσιτσάνης), l’un des plus grands chanteur-compositeurs de rebetiko.

Vassilis Tsitsanis écrivit cette chanson pendant l’occupation Allemande qui débuta un Dimanche, le 6 Avril 1941.

Le 28 Octobre 1940, suite au NON de la Grèce à l’ultimatum adressé par l’Italie, l’armée Italienne envahit la Grèce à partir de l’Albanie. Dans les montagnes de l’Epire, au Nord-Ouest de la Grèce, la petite armée Grecque réussit à mettre en déroute les Italiens et occupe à son tour une partie de l’Albanie. En Mars 1941, les Italiens lancent une contre-offensive qui échoue, forçant ainsi les Allemands à intervenir. L’armée Allemande déferle alors sur la Grèce à partir de la Bulgarie le dimanche 6 Avril 1941 et en trois semaines tout le pays est occupé. Les trois pays (Allemagne, Bulgarie, Grèce) se partagent le territoire.

Vassilis Tsitsanis compose alors sa chanson à Thessalonique où il réside depuis 1938. Il joue et chante chaque soir dans son café-ouzeri ses propres compositions accompagné d’autres musiciens et d’une ou deux interprètes féminines.

Cette chanson est courte. Au-delà des paroles en elle-même qui décrivent la tristesse des temps et de l’auteur, le rythme de la musique ainsi que la diction et l’enchaînement des paroles retranscrivent cette atmosphère lourde.

Paroles en Grec

Συννεφιασμένη Κυριακή,

μοιάζεις με την καρδιά μου

που έχει πάντα συννεφιά, συννεφιά

Χριστέ και Πα-, Χριστέ και Παναγιά μου

 

Είσαι μια μέρα σαν κι αυτή

που ’χασα την χαρά μου

Συννεφιασμένη Κυριακή, Κυριακή

ματώνεις την, ματώνεις την καρδιά μου

 

Όταν σε βλέπω βροχερή,

στιγμή δεν ησυχάζω

Μαύρη μου κάνεις τη ζωή, τη ζωή

και βαριανα-, και βαριαναστενάζω

Traduction française

Dimanche nuageux,

Tu ressembles à mon coeur,

Où il y a tout le temps des nuages,

Seigneur et Sainte Vierge.

 

Tu es un jour comme aujourd’hui

Où j’ai perdu ma joie

Dimanche nuageux

Tu fais saigner mon cœur

 

Quand je te vois pluvieux,

A aucun moment je me calme

Tu rends ma vie noire

Et je soupire profondément

Qui était Vassilis Tsitsanis?

Photo de Vassilis TsitsanisIl est né le 18 Janvier 1915 à Trikala (Nord-Ouest de la Grèce) et décédé le 18 Janvier 1984 à Londres. Il s’initie à la musique très jeune, apprenant le violon, la guitare et naturellement le bouzouki. A partir de 1936, il étudie le droit à Athènes, époque à laquelle il effectue quelques premiers enregistrements.

A partir de 1938, il s’installe à Thessalonique pour son service militaire. Il y restera huit ans, traversant ainsi l’occupation Allemande et la guerre civile. A Thessalonique, il ouvre un café-ouzeri et devient célèbre. Il se marie et continue à écrire de nombreuses chansons qui ne seront enregistrées qu’à la fin de la guerre, les Allemands ayant fermé tous les studios d’enregistrement aux Grecs.

En 1946, il regagne Athènes et commence à reprendre les enregistrements. Il travaille avec des chanteurs et chanteuses qu’il choisit pour leur voix chaudes et particulières, tels que Sotria Bellou (Σωτηρία Μπέλου), Marika Ninou (Μαρίκα Νίνου) ou Prodromos Tsaousakis (Πρόδρομος Τσαουσάκης).

Il fait partie des compositeurs qui œuvrent à la « normalisation » du rebetiko le faisant sortir des bars clandestins lieux de drogue et prostitution et l’inscrivant officiellement dans la culture Grecque.

Tsitsanis a écrit plus de 500 chansons et est connu comme étant un joueur de bouzouki particulièrement doué. Certaines de ses chansons, véritables hymnes nationaux, dont Sinefiasmeni Kiriaki, sont connues par les Grecs de tous âges.

Une grande partie de son oeuvre peut être facilement trouvée sur YouTube en effectuant une recherche sur le nom de l’auteur. Vous trouverez une interprétation de Sinefiasmeni Kiriaki / Συννεφιασμένη Κυριακή ci-dessous :

Crédit Photo (image à la une) : bob august via VisualHunt.com / CC BY-NC-SA.