En parcourant la Grèce, on est frappé par les odeurs et les arômes, parfois entêtants, rencontrés au bord d’une route ou au détour d’un chemin. Les herbes aromatiques font depuis toujours partie de l’alimentation de base des grecs qui les apprécient tant pour leurs qualités gustatives que pour leurs vertus thérapeutiques.

Le thym (en grec moderne : το θυμάρι), plante basse et buissonnante souvent reconnaissable à ses fleurs roses est très présent en Grèce, notamment sur les territoires arides des îles de l’Egée. Riche de nombreuses variétés, il développe des arômes différents et parfois complexes associant des parfums de verveine ou de citron.

Dans l’antiquité, le thym fut avant tout employé par les grecs en médecine et pour les rituels religieux. Dans la mythologie grecque, le thym est né des larmes versées par Hélène lors de son enlèvement par Pâris. Les Dieux en firent une plante bénie. La plante symbolisait le courage et la valeur.

Désormais, le thym est communément utilisé dans la cuisine grecque, seul ou en association avec d’autres herbes aromatiques comme l’origan. Il est encore un ingrédient indispensable à des remèdes ancestraux contre les affections de la sphère ORL (en sirop, en cataplasme ou en tisane). Il est à l’origine du miel le plus prisé de Grèce, le miel de thym, issus de ruches transportées par les apiculteurs au milieu d’une nature riche en thym. Ainsi certains thyms de Crète ou des Cyclades peuvent contenir jusqu’à 90% de thym donnant au nectar un goût et une longueur incomparable.

Plongeons un peu plus profondément à la découverte de cette plante, partie intégrante de la culture grecque.


Thym commun, Thymus vulgaris (Famille des Lamiacées)

Élément caractéristique de la flore méditerranéenne, le thym est la célèbre farigoule des garrigues provençales. Connu surtout pour ses qualités aromatiques en cuisine, il a aussi de très nombreuses propriétés médicinales. Le thym est un excellent fortifiant et antiseptique, et on l’emploie encore aujourd’hui pour soigner les troubles respiratoires et toute une variété d’autres affections (digestives, intestinales, nerveuses, cutanées). C’est un arbuste aromatique à tige ramifiées, à petites feuilles et à fleurs roses d’environ 40 cm de haut. Les fleurs roses du thym attirent les abeilles et confèrent à leur miel un arôme particulier [1].

Habitat et culture

Le thym commun est une variété cultivée du thym sauvage, ou serpolet (Thymus serpyllum), originaire d’Europe du Sud. Il est cultivé dans le monde entier, par semis ou bouturage au printemps, sur les sols calcaires. Il est très résistant et peut pousser jusqu’à 1 500 à 2 000 mètres d’altitude. On cueille les parties aériennes à la fin de l’été.

Il existe beaucoup d’espèces de thymus, des espèces voisines, chacune contenant une huile essentielle propre dont la composition et donc l’activité thérapeutique varient. On parle de différents chémotypes ou races chimiques. Il s’agit d’assemblages moléculaires divers ayant chacun des propriétés différentes. Dans une même espèce botanique, cette variation chimique dépend des facteurs liés directement aux conditions de vie spécifiques de la plante à savoir le pays, le climat, le sol, l’exposition des végétaux, etc. Entre 1971 et 1986, Passet, Granger, Vernet et al. identifient pas moins de six chémotypes de thym : le géraniol, de l’a-terpineol, le thuyanol, le linalol, le carvacrol et le thymol [2]. Les méthodes de culture et la période de récolte peuvent également influencer la composition chimique de la plante.

Préparations et usages

Les parties utilisées du thymus sont les parties aériennes, récoltées en été, aromatiques, et qui contiennent l’huile essentielle. Les parties aériennes séchées sont traditionnellement utilisées comme aromate en cuisine et parfument de nombreux plats méditerranéens. Le thym peut également être utilisé en infusion en cas de coup de froid pour soigner les infections respiratoires. En aromate ou en infusion, c’est un désinfectant des voies digestives souvent utilisé en association avec le romarin et la sauge. Le thym soulage les digestions difficiles. Il est également efficace pour drainer le foie. L’huile essentielle de thym peut également être extraite des parties aériennes et est utilisée dans de nombreux cas en fonction du chémotype de la plante (infection des voies respiratoires ou digestives, fatigue nerveuse, mycoses, etc.). Le sirop de thym est un remède traditionnel contre la toux.

Principaux effets

Antiseptique à large spectre d’action : bactéricide, fongicide, antiviral, vermifuge
● Tonique
● Décontractantmusculaire
● Anti-oxydant

Recherches en cours [1] 

Lutte contre le vieillissement : des recherches menées dans les années 1990 en Écosse ont établi les vertus potentielles du thym et de l’huile essentielle en prévention du vieillissement. Des études récentes indiquent que le thym est un puissant antioxydant et assure des doses élevées d’acides gras essentiels dans le cerveau.
Ulcères de l’estomac : les extraits de thym jouent rôle antibactérien puissant contre H. pylori, une bactérie souvent liée aux ulcères de l’estomac.
Douleurs menstruelles : Nombre des composants du thym soulagent les crampes musculaires. En 2014, un essai clinique iranien a comparé son efficacité et celle de l’ibuprofène contre les douleurs des règles. Les résultats ont été jugés équivalents pour les deux.

Etymologie

Le nom de « Thym » est la francisation de Thymus qui désignait en latin plusieurs Lamiacées aromatiques de petite taille, lui-même issu du grec thumon qui signifie « offrande (que l’on brûle) » et « parfum », à cause de l’odeur agréable que la plante dégage naturellement ou lorsqu’on la fait brûler. Le nom provient de l’égyptien tham, nom d’une plante servant à embaumer les corps ou de la racine grecque thy, signifiant « exhaler une odeur ».

Le thym dans l’histoire

Les Égyptiens et les Étrusques utilisaient le thym mélangé aux onguents pour embaumer leurs morts. Les Grecs en brûlaient devant l’autel de leurs dieux, les places publiques et les riches demeures, pensant que cette plante était source de courage. Ils en mettaient aussi en cuisine dans leurs plats. Le thym était aussi utilisé à profusion comme parfum stimulant qu’ils versaient dans leur bain ou dont ils s’enduisaient le corps. La légende veut que Pâris enleva Hélène et que la princesse était fort triste : à chaque larme qui tombait de ses yeux sur le sol, naissait une touffe de thym. Théophraste connaissait deux espèces de thym, l’un blanc, médicinal et très mellifère, l’autre noir « qui corrompt l’organisme et suscite la bile ».

Les Romains l’ont abondamment diffusé en Europe. Ils en faisaient de nombreuses sortes de cosmétiques (eau de toilette parfumant même leurs couches, baume censé retarder le vieillissement) et s’en servaient pour purifier leurs pièces d’habitation et pour « donner du parfum aux fromages et liqueurs».

Symbolique 

Le symbole de courage associé au thym se perpétue au Moyen Âge, notamment lors des Croisades. Les damoiselles brodaient des abeilles voletant près d’une branche de thym sur les écharpes qu’elles offraient à leur chevalier qui partait trop loin de leur cœur. Les sorcières fabriquaient des philtres d’amour à base de marjolaine, de thym, de verveine et de fleurs de myrte. Il était aussi placé sous les oreillers (car il favoriserait le sommeil en chassant les cauchemars et la mélancolie) et sur les cercueils lors des funérailles car on pensait qu’il facilitait le passage dans l’autre vie.

Dans le langage des fleurs, il est symbole de courage, amour durable, esprit de créativité, dynamisme et résistance physique.

Thym du Mont Athos

Thym du Mont Athos

Références :
1. Larousse des plantes médicinales
2. Huiles essentielles chémotypées, D.Baudoux, M.L. Breda
3. Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Thym

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