Tout le monde connait la capitale de la Grèce, mais connaissez-vous sa co-capitale (et non pas deuxième ville comme on l’entend souvent) : Thessalonique (ou Salonique)? Cette métropole du Nord de la Grèce, riche d’une histoire mouvementée, se réveille peu à peu du profond sommeil dans lequel guerre froide et centralisation Athénienne l’avaient plongé.
Souvent méconnue ou délaissée au profit de celle prestigieuse d’Athènes, l’histoire de Thessalonique est tout aussi passionnante et riche. Sa localisation à la croisée de routes commerciales importantes a généré un développement continu de l’Antiquité à aujourd’hui.
La ville est fondée en 315 av JC et porte le nom d’une sœur d’Alexandre le Grand. Elle devient aussitôt un centre commercial important au bord du golf Thermaïque. Son développement continue pendant la domination romaine, malgré le sac de la ville après la défaite des Macédoniens face aux Romains. Thessalonique profite de la création de la via Egnatia, la grande route transbalkanique méridionale. Une communauté cosmopolite de marchands s’y installe, faite de Juifs, de Chrétiens d’Europe et d’Orient. De la domination romaine provient le saint patron et protecteur de la ville : St Dimitri, martyrisé par les romains.
Pendant l’empire Byzantin, sa foire, les Demetria qui se tiennent en Octobre, est une des plus importantes des Balkans. La ville s’enrichit de nombreux monuments et d’imposantes églises. La ville est tour à tour prise par les Sarrazins, puis par les Normands et finalement par les Ottomans en 1430.
En 1492 se produit un évènement qui va changer pour longtemps le destin de la ville. Suite à l’expulsion des Juifs d’Espagne, elle devient le centre mondial du judaïsme sérafade au point d’être surnommée la « Jérusalem des Balkans ». Dès lors, la ville est organisée autour de 3 communautés : Juifs, Musulmans et Chrétiens. A la fin du XVIIème siècle, tous les occidentaux y installent succursales, comptoirs et entrepôts.
Salonique, au début du XXème siècle est une ville multi-ethnique : elle compte autour de 120 000 habitants, dont 80 000 Juifs, 15 000 Turcs et 15 000 Grecs, 5 000 Bulgares et 5 000 Occidentaux. Elle est l’une des plus grandes et plus modernes villes de l’Empire Ottoman et un de ses plus grands ports. Salonique est aussi devenue un important centre de bouillonnement politique. Conquise par la Grèce en Novembre 1912, durant la première guerre balkanique, de nombreux Turcs la quittent. Les églises Byzantines, transformées en mosquées par les Ottomans, redeviennent alors des lieux de cultes chrétiens.
Au début de la première guerre mondiale, une partie des troupes évacuées des Dardanelles s’installe dans la ville en vue de porter secours à la Serbie. En 1916, un total de 400 000 soldats Français, Britanniques et Serbes y sont alors stationnés.
En Août 1917, tout le centre de la ville est ravagé par un incendie catastrophique. 9 500 bâtiments sont détruits, laissant 70 000 personnes sans abri. La reconstruction de la ville permet une complète restructuration de son plan.
En 1922, la catastrophe Micrasiate de Smyrne pousse les grecs d’Anatolie à se réfugier en Grèce et conduit en 1923 à un gigantesque échange de population avec la Turquie : des dizaines de milliers de Grecs affluent dans la ville et s’installent dans la ville haute, dans les anciens quartiers musulmans ou dans les campements « hors des murs ».
Lors de l’occupation de la Grèce durant la seconde guerre mondiale, les Allemands installent leur quartier général à Thessalonique. Les Juifs de Salonique sont alors victimes de la Shoah et on estime que 98 % de la communauté a été exterminée.
Après la seconde guerre mondiale et le début de la guerre froide, la ville connaît des difficultés. Le rideau de fer la coupe du reste des Balkans, et toutes les routes commerciales qui avaient fait sa fortune sont interrompues.
Petit à petit, depuis les années 90, la ville retrouve non seulement sa place de plaque tournante des Balkans mais s’est engagée dans des actions fortes pour mettre en valeur son patrimoine et son histoire. De plus Thessalonique s’est engagée dans le développement d’une vie culturelle et sociale intense (biennale de photographie, art contemporain, musée du cinéma, musée de l’art byzantin) faisant de la ville une destination idéale pour un city break.