Connaissez-vous la plus belle skyline de Grèce ? Et savez-vous qu’elle a servi de décor pour le tournage d’un célèbre James Bond à la fin des années 70 ? Philhellènes ou aficionados du célèbre agent 007, vous l’avez deviné, nous parlons des Météores !

Nous vous emmenons cette semaine à la découverte de ce patrimoine naturel et culturel incomparable niché au centre de la Grèce continentale et qui mérite bien plus qu’une simple visite d’une journée. Les Météores sont en effet bien plus que l’image d’Epinal que nous connaissons tous : des « pains de sucre » gigantesques qui se dressent vers le ciel. L’histoire des monastères, l’environnement naturel, les villages, leurs habitants et les spécialités gastronomiques de la région ont mérité collectivement d’être classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le monastère de Roussanou

Le monastère de Roussanou

La région des Météores est située au Nord-Ouest de la grande plaine de Thessalie, là où progressivement les grandes étendues qui s’étirent de Volos à Larissa puis à Trikala laissent place à de hauts massifs montagneux. Ainsi, proche des contreforts du Pindos (la grande chaîne de montagne du Nord-Ouest de la Grèce qui marque la frontière entre les régions de Thessalie et d’Epire), les formations « pains de sucres » si caractéristiques des montagnes des Météores sont nés il y a 65 millions d’année et constituent une véritable curiosité géologique dans un lieu si éloigné de la mer.

Elles doivent leur nom de « Météores » aux premiers moines qui décidèrent de s’y installer. Les premiers occupants furent, au 11ème siècle, des moines du Mont Athos qui décidèrent de fuir la péninsule de la sainte montagne au Nord de la Grèce suite à de nombreuses tentatives d’invasion et d’affaiblissement de l’empire Byzantin. Ils souhaitaient établir de nouvelles communautés monastiques dans des lieux plus isolés, montagneux, éloignés des côtes, des attaques de pirates, et à l’écart des grandes voies de communications. Certains moines craignaient en effet que la péninsule du Mont Athos, du fait de sa position géographique, ne soit pas longtemps préservée des attaques depuis la mer comme de la terre.

Découvrant la région en s’enfonçant progressivement depuis la grande plaine à la recherche de lieux isolés, les moines découvrent cette région reculée, enclavée, au climat difficile. Il n’en faut pas plus pour que, par groupe de 2 ou 3, ou parfois seuls, ils partent à l’assaut de ces gigantesques pains de sucres étroits et rocheux pour établir un ermitage ou les bases d’un monastère. Considérant que leur lieu d’installation est la parfaite incarnation de la rencontre du ciel et de la terre, ils nomment la région : Météores. Progressivement, les moines deviennent plus nombreux, partant à la découverte de nouvelles montagnes et décidant l’installation de nouveaux monastères, soit au sommet des pains de sucre, soit directement dans les parois des montagnes en mettant à profit des grottes ou des ouvertures laissés là par les mouvements géologiques ou l’érosion.

Le village de Kastraki

Le village de Kastraki

A l’apogée des activités monastiques aux Météores, que l’on situe au 16ème siècle, on dénombre jusqu’à 30 monastères en activité, sans compter les ermitages. Plus d’un millier de moines cohabitent sur ces terres hostiles. Bien entendu, la multiplication des monastères génèrent des besoins de main d’œuvre et de ressources dans la région. C’est ainsi que se développe le petit village de Kastraki, réservé aux « cosmiques », c’est-à-dire aux habitants non religieux qui ne peuvent demeurer dans les monastères. Aujourd’hui, ce petit village existe toujours, totalement « enchâssé » entre les rochers. Sa partie la plus ancienne, Palaio Kastraki, est une étape de choix pour résider, car on y trouve de nombreuses maisons du 13ème au 17ème siècle véritablement blottie aux pieds des parois rocheuses.

Aujourd’hui, il reste ne reste plus que 6 monastères en activité aux Météores, ou plus exactement 4 monastères et 2 couvents, puisque deux établissements sont occupés par des nonnes. S’y ajoutent d’anciens monastères ou ermitages qui désormais dépendent d’un des 6 monastères principaux et servent de lieu d’isolement pour certains moines ou nonnes. En suivant la crête d’Ouest en Est, passons en revue les différents monastères.

Les monastères de Varlaam et Roussanou

Les monastères de Varlaam et Roussanou

A tout seigneur tout honneur, le plus grand est « Grand Météora » ou « monastère de Metamorfoseos tou Sotiriou ». Il fut fondé au 14ème siècle et renferme des centaines d’ouvrages très rares dans sa bibliothèque, dont l’inventaire complet ne fut jamais publié. L’église du monastère est d’une taille très audacieuse au regard de ce qu’il se faisait dans les autres monastères des Météores et compte tenu de l’étroitesse du rocher. Juste à côté, on trouve le monastère de Varlaam, fondé au 14ème siècle par un moine du même nom. En contrebas, on découvre un des deux couvents : le monastère de Roussanou, aujourd’hui occupé par des nonnes. Vue l’étroitesse du rocher, toute la surface de la roche est construite, et le jardin a dû être aménagé dans une sorte de faille entre les rochers au-dessus duquel un pont fut construit pour en faciliter l’accès.

Le monastère de Agia Triada

Le monastère de Agia Triada

En face de Roussanou, là encore, on trouve un monastère étroit, celui de Saint Nicolas. Il fut élevé en utilisant au maximum la géologie des lieux donnant au monastère d’étroits escaliers et couloirs intérieurs, et même une chapelle où les moines ont eu peu de place pour ménager un espace suffisant pour l’iconostase. Ce monastère est certainement un des plus charmants des météores. En continuant au-delà de Roussanou, au détour d’un virage, on découvre un des points de vue les plus connus des Météores et le monastère star du James Bond « Rien que pour vos yeux ». C’est Agia Triada (pour les puristes de la filmographie « Bondienne » vous vous souviendrez que le monastère pris un nom que la production trouva plus Grec : Saint Cyrille !). C’est le monastère dont l’accès a été le moins aménagé : les moines y accèdent toujours soit par une sorte de mini funiculaire monoplace, soit par filin, soit par les 145 marches creusées dans la roche. Au-delà d’Agia Triada, on rejoint le monastère d’Agios Stefanos, désormais occupé par des nonnes. Tous ces monastères sont construits en haut des rochers. Il faut ajouter certains anciens monastères ou ermitages qui subsistent et qui furent construit directement dans la paroi rocheuse. Mentionnant le plus célèbre : Ipapanti qu’on peut découvrir à la faveur d’une jolie marche par une route serpentant aux pieds des rochers au Nord-Ouest de Grand Météora.

Le monastère de Ipapanti

Le monastère de Ipapanti

Au-delà des Monastères, les météores sont un lieu à l’environnement particulièrement préservé. On découvre ici une Grèce montagneuse et verte une grande partie de l’année. Au printemps, la campagne au pied des météores forme une véritable mer verte, avec des champs vert tendre, des coquelicots, des arbustes. Au loin se dessinent les hautes montagnes formant la frontière Ouest de la Thessalie, et les contreforts du massif de Pindos, au sommet desquels on observe de la neige jusqu’en Mai. On peut ainsi découvrir les météores tout en prenant un grand bol d’air et de chlorophylle en allant de monastère en monastère par des chemins de randonnée ou en longeant tout simplement les routes. De même, on peut s’éloigner un peu des monastères pour découvrir une nature et des panoramas à couper le souffle. Par exemple, se rendre au petit village de Vlachava permet tout simplement de prendre de l’altitude et d’embrasser à la fois toute l’étendue de la plaine de Thessalie et des météores.

Les météores verdoyants

Les météores verdoyants

Le climat rude et montagnard de la région a donné aux Météores une gastronomie locale différente des clichés Grecs habituels. Oubliez les produits de la mer car nous en sommes trop loin. Par contre, attendez-vous à découvrir une cuisine faisant la part belle au gibier, au sanglier, aux plats mijotés longuement dans l’âtre de la cheminée.  Beaucoup de plats mélangent les fruits secs (châtaignes, amandes..), les viandes en sauce et certains fruits d’été. On se régale de viandes grillées ou d’abats grillés ou cuisinés en sauce.

Les météores méritent bien plus que l’excursion standard que de nombreux tours opérateurs proposent en aller/retour à la journée depuis Eubée ou Athènes. Il est très agréable de s’imprégner de l’endroit, de prendre le temps de la parcourir pour en découvrir les différents panoramas tantôt avec la lumière crue du midi, tantôt avec la douce lumière du couchant qui fait rosir les murs et toits de brique des monastères en haut de leur pitons rocheux.